De mémoire d’ornithologue, c’est la première fois que des sternes à nuque noire s’installent au Rocher à la Voile pour y nicher. Les promeneurs peuvent actuellement observer à loisir le ballet de ces oiseaux en pleine période de reproduction. Comme un miracle pour une espèce menacée. Accouplement, nourrissage de la femelle qui couve par le mâle revenant de la pêche. « Hier il n’y avait encore qu’une huitaine de couples alors qu’aujourd’hui, lundi, il y en a une vingtaine, ce qui pose des problèmes de place car le rocher est minuscule », observe le docteur Philippe Borsa de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Or, les sternes sont en compétition intense pour occuper les quelques rares sites favorables pour un nid. Au cours des années passées », poursuit-il, « on a pu voir ces oiseaux s’installer à Sèche-Croissant, à Signal, à Kouaré, à l’île aux Goélands et à l’îlot M’Békouin. Elles pondent à même la plage, sur le sable ou sur les débris de corail, où leurs œufs mimétiques sont difficilement repérables. Dérangés par l’approche d’un bateau ou par des promeneurs qui font le tour de l’îlot, ou pire, par les chiens qui accompagnent parfois les visiteurs, les sternes s’envolent, abandonnant leurs œufs et poussins au soleil. Ceux-ci peuvent mourir en quelques minutes, du fait de la déshydratation. Afin que la colonie puisse se reproduire, il faut donc qu’elle ne soit aucunement dérangée pendant les quelques semaines nécessaires à la couvaison et à l’élevage du poussin, c’est-à-dire de fin décembre à février ». Lorsque les oiseaux effarouchés s’envolent, ils laissent donc leur œuf « cuire » en plein soleil et cinq minutes d’exposition suffisent à le détruire. Le docteur Borsa a observé la cohabitation forcée des sternes du Rocher à la Voile, où il a vu un accouplement et les allées et venues de ceux qui partent pêcher dans les parages, entre la baie des Citrons et l’île aux Canards. Ils ramènent des petits poissons qu’ils offrent à leur partenaire. « C’est ainsi que le mâle persuade la femelle qu’il est un bon parti, un bon pêcheur prêt à nourrir sa compagne et, plus tard dans la saison, son poussin », explique le scientifique ornithologue par passion et spécialiste de la génétique des poissons. Les spécialistes estiment que le lagon sud abrite de quelques centaines à un petit millier de couples de ces sternes, ce qui en fait une des colonies les plus importantes au monde. Au plan international, outre le dérangement par les plaisanciers, ces sternes disparaissent du fait de l’aménagement du littoral - « si peu souvent respectueux de l’environnement » -, et de la prédation par les rats, les chats, les chiens et même ... les hommes. « En effet, cette petite sterne autrefois abondante en Indo-Malaisie, a été décimée là-bas du fait des ramasseurs d’œufs », rappelle-t-il. Dans ses observations, le chercheur a noté que les sternes du Rocher à la Voile étaient effarouchées lors du passage des gros bateaux, en particulier ceux de couleur rouge ou blanche, des tons qui ne sont apparemment pas du goût des sternes et pourtant blancs eux-mêmes. Il craint donc que cela nuise à la reproduction car lorsque les oiseaux effarouchés s’envolent, ils laissent donc leur œuf « cuire » en plein soleil. Cinq minutes d’exposition suffisent à le détruire. Il formule aussi une autre crainte, celle des tirs de feux d’artifice de fin d’année qui risquent de faire fuir cette population de sternes s’ils sont tirés trop près du Rocher à la Voile. En attendant, le spectacle y est permanent et totalement gratuit. |
|
La Nouvelle-Calédonie, quel beau pays! Ouvrez les yeux et regardez... Vous verrez qu'il est temps d'agir. Très vite! La pollution de l'eau, de l'air et de la terre y est très très importante. Que faisons-nous?