Au moins 3000 poissons tués...
40 000 l d'acides sulfuriques déversés dans la nature
Communiqué de l'association Mêê Rharii (Lâmr)
Communiqué concernant la catastrophe écologique survenue sur le site d’exploitation de Vale Inco Nouvelle-Calédonie le mercredi 1er avril 2009.
« L’incompétence et le mépris de Vale Inco »
Quand on pense qu’une telle catastrophe est possible après la protestation d’une grande partie des citoyens calédoniens et la lutte tenace de plusieurs associations écologiques, dont Rheebu Nuu… On n’ose pas imaginer la désinvolture – le mépris ! – de l’industriel… A cette heure, seuls les camions de la société AD Vidange, équipés pour les déchets de la base-vie et non pour les pollutions chimiques d’envergure, sont sur place, impuissants. C’est ça, l’usine modèle promise respectant le développement durable ? Qui perd 1 500 litres de fuel lourd en novembre, et, 4 mois plus tard « au moins » 18 000 litres d’acide sulfurique à 98% ? Devant ce que la direction de l’industriel appelle cyniquement « un concours de circonstances », devant le manque de réactivité de l’Observatoire de surveillance de l’usine et les insignifiantes « recommandations » de l’IRD… : Nous exigeons le retrait de l’arrêté ICPE d’autorisation d’exploiter de l’usine Goro Nickel comme l’a demandé le WWF ! Nous exigeons qu’une pénalité exemplaire et à la hauteur des moyens financiers de la multinationale Vale Inco soit imposée dans les plus brefs délais à la société exploitante, selon les termes légaux qui la lient à la collectivité locale et selon l’accord conclu avec Rheebu Nuu, afin de : - Compenser la rémunération perdue des employés de Vale Inco Nouvelle-Calédonie qui seront mis en chômage technique suite à la suspension de l’exploitation. - Prendre en charge les opérations de réhabilitation environnementale jusqu’à la remise en état du site tel qu’il était lors des premiers travaux de construction. Nous exigeons l’organisation d’une réunion de crise regroupant les collectivités, les responsables du projet de Goro et la société civile afin d’obtenir une information précise et exhaustive. Nous demandons le déclenchement immédiat du plan POLMAR. Enfin nous appelons tous les medias et les autorités de Nouvelle-Calédonie, du Pacifique et du reste du monde, ainsi que toutes les associations environnementales et les organismes de surveillance industrielle à venir constater de visu, sous la protection du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et avec la pleine et entière collaboration de l’industriel, les dégâts irrémédiables causés à la faune, la flore et par conséquent aux habitants de la baie de Prony et du Sud de notre archipel. Notre association, qui a fait plier une compagnie minière responsable d’une catastrophe aux causes différentes mais aux conséquences similaires à Houaïlou, réclame la fermeture immédiate et définitive du projet de Vale Inco Calédonie. Afin d’éviter qu’une autre catastrophe écologique ne se produise à l’avenir… L’association Mêê Rharii (Lâmr
Les Nouvelles Calédoniennes du 4/4/9: La province contraint Vale Inco à l’arrêt
Les Nouvelles Calédoniennes du 3/4/9La Maison bleue vient de suspendre la production d’acide de l’usine de Vale Inco. Selon elle, l’importante fuite d’acide sulfurique, qui a causé la mort d’au moins 1 800 poissons, aurait pu être évitée si le dispositif de sécurité avait été opérationnel. Retrouvez plus de photos sur notre site Internet.
Ils n’étaient pas franchement conviés mais ils se sont invités quand même. Hier après-midi, une petite délégation de la DENV (1) et de la DIMENC (2) s’est rendue à l’usine de Vale Inco, aux côtés de Philippe Gomès. Le patron de la Maison bleue est venu chercher, sur place, les réponses aux questions que tout le monde se pose au sujet de la fuite accidentelle d’acide sulfurique survenue mercredi midi, à l’unité d’acide.
Première des interrogations : comment l’industriel a-t-il pu réaliser des essais alors que le dispositif de sécurité n’était pas encore opérationnel ? « Nos évaluations ne nous laissaient pas envisager qu’un tel incident puisse se produire », a indiqué Sylvain David, le responsable du département de lixiviation. « Vous estimez que cette réponse est satisfaisante ? », a répliqué Philippe Gomès, en demandant à la direction d’être plus précise sur les causes de cette défaillance.
Deuxième point d’interrogation : pourquoi la province Sud, chargée de l’environnement et des installations classées, n’a-t-elle été prévenue que vingt-quatre heures après l’accident et par un coutumier de Yaté, qui plus est ? A cette question, Jean-François David, le directeur général délégué de Vale Inco Nouvelle-Calédonie, a souhaité répondre lui-même, estimant qu’« il y a(vait) eu tentative de contact dans les quatre heures qui ont suivi l’accident » et qu’« une réflexion commune sur le mode de communication d(evait) être engagée ». Dans les faits, cette tentative se résume à un message laissé sur un téléphone portable. Ni fax, ni mail n’ont été envoyés à la Direction de l’environnement.
Ce sont donc 14 000 à 18 000 litres d’acide, concentré à 98 %, qui se seraient échappés de l’unité
Sur les quantités d’acide sulfurique qui ont fui mercredi midi, la direction reste vague. « Les chiffres sont toujours en revue », a déclaré Sylvain David. Ce qui est sûr, c’est que les 1 000 à 5 000 litres annoncés jeudi par la communication de Vale Inco sont bien en dessous de la réalité. Il ne s’agissait en fait que d’une estimation de la quantité d’acide déversé dans le creek de la baie Nord. Ces chiffres ne prenaient pas en compte les 13 000 litres d’acide recueillis par la cuvette de rétention située juste en dessous de la fuite. Au total, et si l’on s’en tient seulement aux chiffres de l’industriel, ce sont donc 14 000 à 18 000 litres d’acide, concentré à 98 %, qui se seraient échappés de l’unité ce jour-là.
« Grave dysfonctionnement » pour la province Sud, « concours de circonstances » pour l’industriel... Une chose est sûre, c’est que Vale Inco va devoir rendre des comptes sur ce qui s’est réellement passé au cœur même de son usine. La Maison bleue a prononcé un arrêté suspendant la production d’acide. Celui-ci ne sera abrogé que lorsque Vale Inco aura répondu à une série de mesures. A savoir la remise de ses installations en conformité dans un délai de quatre jours, l’évaluation des causes de l’accident tant en termes techniques qu’opérationnels et le bilan des conséquences immédiates et à long terme sur le milieu environnemental.
(1) Direction de l’environnement de la province Sud.
(2) Direction de l’industrie, des mines et des énergies de Nouvelle-Calédonie.
Pollution chimique à l’usine Vale IncoUne importante fuite d’acide sulfurique s’est produite mercredi midi, alors que l’usine de Vale Inco testait ses installations. Entre 1 000 et 5 000 litres se seraient déversés sur le site et dans le creek de la baie Nord. Un chiffre sous-estimé, selon certaines sources. Si l’incident n’a fait aucun blessé, de nombreux poissons morts ont été ramassés. La fuite serait due à un joint défectueux et au fait que le bassin de rétention n’était pas opérationnel.
Des milliers de litres d’acide sulfurique qui se déversent sur le site de l’usine du Sud un 1er avril ? L’information n’a malheureusement rien d’un canular. L’incident s’est produit mercredi midi, alors que l’usine testait son unité de fabrication d’acide sulfurique. Selon la direction de la communication de l’industriel, une fuite « liée à un joint défectueux » est survenue au niveau des circuits de l’unité, déversant « entre 1 000 et 5 000 litres d’acide sulfurique sur le site industriel et vers le creek de la baie Nord ».
Dès que l’alerte a été donnée, les équipes environnementales de l’usine et les pompiers sont intervenus pour stopper l’incident. Des barrages de calcaire ont été mis en place pour neutraliser l’acidité du composant et des prélèvements d’eau ont été réalisés tous les 50 mètres pour évaluer les impacts de cette fuite.
Hier, en fin d’après-midi, soit une trentaine d’heures après la fuite, « la situation (était) pratiquement résorbée sur le site de l’usine » et « tout était revenu à la normale au niveau du creek », a affirmé la direction de la société.
L’incidence sur la faune, néanmoins, est bien réelle. Un PH évalué à 2 (ce qui représente une très forte acidité) a été enregistré en différents points du creek de la baie Nord. De nombreux poissons morts ont été ramassés par les équipes. Et on peut imaginer que les mollusques et les insectes aquatiques n’aient pu survivre, eux non plus, à une telle acidité.
Si la direction de Vale Inco s’est réjouie du fait que l’incident n’avait fait aucun blessé, certains salariés présents au moment de l’incident ont exprimé leurs inquiétudes face au « manque de sécurité pour le personnel et l’environnement ». Selon une source proche du chantier, le pire a pu être évité car la fuite s’est produite au moment de la pause déjeuner. Les travailleurs n’étaient donc pas sur le site au moment de l’accident. La quantité d’acide déversé, dont a fait part la direction, serait également en dessous de la réalité. Un témoin direct parle d’une fuite gravissime, de vingt à trente fois plus importante que celle annoncée par l’industriel (la capacité de stockage d’acide serait de 270 000 litres).
« Le flot s’est poursuivi sans autre barrière de sécurité vers le creek de la baie Nord »
Comment expliquer, en effet, que le bassin de rétention, prévu pour juguler ce type d’incident, n’ait pu contenir le liquide déversé ? Sa capacité était-elle trop faible ? A ce sujet, la direction reste vague. Tout au plus admet-elle qu’« une partie de l’acide a pu être récupérée par le bassin et le reste a ruisselé en direction du creek ».
La version de la province Sud, qui n’a été informée qu’hier de l’incident, au même titre que la sécurité civile, est autrement plus inquiétante. Selon la Maison bleue, « ce bassin était au même moment en réparation. Le flot s’est donc poursuivi sans autre barrière de sécurité vers le creek de la baie Nord. »
Chargée de l’environnement et de la réglementation ICPE (1), la province a vivement « condamn(é) la poursuite des essais de l’usine d’acide au moment même où les dispositifs de sécurité étaient en réfection ». Elle a également qualifié cette information tardive - rien n’aurait transpiré avant hier matin - d’« inacceptable » et « en infraction au regard des dispositions réglementaires. »
La direction de Vale Inco dit ne « pas (avoir) mesuré la gravité de l’incident au moment des faits ». Les mauvaises langues soufflent que l’industriel aurait plutôt joué la montre, l’acide sulfurique ayant pour partie disparu lorsque la Dimenc (2) a effectué, hier, ses relevés dans le creek. Vale Inco, qui poursuit actuellement sa phase de tests, a l’intention de produire du nickel au second semestre 2009.
(1) Installations classées pour la protection de l’environnement.
(2) Direction de l’industrie, des mines et des énergies de Nouvelle-Calédonie.